Faut-il prendre une assurance dépendance ?

Le point en huit questions/réponses avec "Notre Temps"

Notre espérance de vie s'allonge, mais le risque de perdre notre autonomie un jour et à la charge de nos proches augmente lui aussi. Se faire aider à domicile ou payer une maison de retraite implique des coûts élevés.
Les assureurs ont perçu notre angoisse et mis sur le marché des contrats «assurance dépendance» pour y répondre.
Sont-ils intéressants ?
Faut-il les privilégier en complément ou à la place des produits d'épargne ?
• Combien ça coûte ?
Tout dépend de ce qui est garanti. Plus l'assureur couvre de risques plus le contrat sera cher. Par ailleurs, l'âge du souscripteur ainsi que la rente qu'il souhaite recevoir, influent sur le montant des cotisations à payer (celles-ci prennent souvent la forme de versements périodiques mais certains contrats prévoient un versement unique). À titre indicatif : en cas de souscription à 60 ans, pour s'assurer 500 € de rente, il faudra cotiser environ 30 € par mois, et 50 € pour une rente de 800 €. Pour une souscription à 70 ans, il faudra ajouter respectivement 15 et 20 € de plus aux montants précédents.Là aussi, il ne faut pas hésiter à prendre sa calculette et à faire jouer la concurrence.
• À quel âge faut-il adhérer ?
Plus vous adhérerez tard, plus il vous en coûtera. D'ailleurs passé un certain âge, variable selon les assureurs (de 69 à 79 ans), cela ne sera même plus possible. La plupart des assureurs prévoient une souscription entre 50 et 75 ans. En outre, vous devrez remplir un questionnaire de santé associé parfois à des examens complémentaires. Et pas question de tricher car toute fausse déclaration intentionnelle peut entraîner la nullité du contrat. Si vous êtes un profil dit «à risques», on peut vous refuser l'accès à un tel contrat où vous appliquer une surprime. Enfin, si une pathologie est déjà avérée lors de la souscription du contrat, la dépendance qu'elle pourrait entraîner n'est pas couverte. En somme, il faudrait envisager un tel contrat lorsque l'on est encore en pleine forme. Ce qui n'est pas facile.
• S'agit-il d'un produit d'épargne ?
En général non. Ce qui veut dire que si le risque couvert – en l'occurrence la dépendance – ne survient pas, vous aurez cotisé en pure perte. Il s'agit en effet de contrats à fonds perdus et non de produits d'épargne, ce qui psychologiquement est un frein à l'adhésion. Il existe toutefois sur le marché des formules mixtes, qui permettent par le biais de contrats d'épargne le versement d'une rente viagère majorée en cas de dépendance. Ces produits qui associent les avantages de l'assurance vie (placement chouchou des Français) et la couverture du risque dépendance pourraient arriver en force sur le marché pour séduire une clientèle plus nombreuse.
• Prendre un contrat d'assurance dépendance est-il utile alors qu'il existe l'APA (allocation personnalisée pour l'autonomie) ?
L'APA est certes une véritable protection contre le risque de perte d'autonomie. En effet, toute personne moyennement ou lourdement dépendante peut en bénéficier dès l'âge de 60 ans. Mais cette prestation ne couvre pas l'ensemble des dépenses supplémentaires auxquelles la personne doit faire face. Son montant va varier selon son degré de dépendance et ses revenus. Plus les ressources sont élevées, plus l'APA sera faible. Par conséquent, un contrat d'assurance dépendance peut trouver sa place. D'autant plus que les prestations qu'il offre peuvent se cumuler avec l'APA. Reste ensuite à savoir quel prix on est prêt à payer pour s'offrir une telle protection.Il faut en effet prendre en considération les frais engendrés par la perte d'autonomie, le coût éventuel d'une maison de retraite, des aides à domicile, voire simplement du maintien à domicile dans sa globalité.
• Quel type de dépendance est concerné ?
C'est un point à vérifier dans chaque contrat. Il est en effet essentiel de savoir ce qui va déclencher le jeu de la garantie. Souvent les assureurs prennent en compte les 4 actes de la vie quotidienne (s'alimenter, s'habiller, se laver, se déplacer) pour apprécier le degré de dépendance et décréter qu'elle est totale ou partielle. D'autres vont considérer également le coucher, la continence. À l'origine, la dépendance totale était seule envisagée dans les contrats. Mais pour capter une clientèle plus variée, certains assureurs ont enrichi leur palette de prestations. Ainsi, un contrat peut couvrir la dépendance totale (personne ayant besoin d'une assistance continue) mais aussi la dépendance partielle (aide pour les repas, le lever et le coucher…) auxquelles s'ajoutent parfois des prestations d'assistance (par exemple : aide pour l'équipement de l'habitat pour favoriser le maintien à domicile).Il importe encore une fois de bien évaluer les coûts et cotisations, et ce que peut apporter une éventuelle aide financière selon les besoins en cas de perte d'autonomie.
• Est-il intéressant de s'assurer pour un dépendance «partielle» ?
On peut avoir le réflexe de ne s'assurer que pour le plus «grave» mais ce n'est pas forcément intéressant. En effet, une perte d'autonomie partielle peut survenir à un âge peu avancé et devoir être supportée de très longues années car elle ne met pas forcément le pronostic vital en jeu. Une aide financière peut alors s'avérer bienvenue pour adapter son mode de vie, en fonction bien sûr de son revenu et peut-être d'autres aides comme l'APA.
• La garantie est-elle immédiate dès la signature ?
Non, car les contrats prévoient en général un délai de carence (ou délai d'attente) pendant lequel on n'a droit à aucune prestation. Ce délai en général d'un an peut parfois s'élever à trois ans. Ce délai est parfois supprimé lorsque la dépendance survient après un accident ou n'est pas consécutive à un problème psychique. Il faut donc se faire expliquer les clauses du contrat se rapportant à ce point pour s'éviter toute mauvaise surprise.
• Quelles sommes sont versées si la dépendance survient ?
Les contrats prévoient le versement d'une rente lorsque la dépendance survient. Son montant est fixé dès la souscription du contrat. Elle peut varier, par exemple, de 300 € à 3 500 € par mois. En cas de dépendance totale, cette rente sera versée à 100 %. En cas de dépendance partielle, seul un pourcentage de la rente sera alloué. Il existe aussi de options pour des prestations d'assistance (par exemple : garantie « équipement de domicile », télé-assistance…).Il faut donc calculer précisément quels seraient les frais engendrés par la perte d'autonomie, le coût d'une maison de retraite ou du maintien à domicile dans sa globalité. Sans oublier que d'ici à 10, 20 ou 30 ans ces coûts auront évolué.
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Source : Notre Temps

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