Santé : «Ceux qui n’innovent pas seront pénalisés»

INTERVIEW - Malgré un début d’année difficile, les valeurs du secteur de la santé devraient repartir de l’avant au second semestre, dopées par l’innovation. Rudi van den Eynde, gérant chez Dexia AM, recommande les valeurs biotechnologiques.
lefigaro.fr/jdf.com - Les valeurs de la santé souffrent en Bourse depuis le début de l’année. Peut-on encore les considérer comme des valeurs défensives ?
Rudi Van den Eynde - Elles affichent en effet des performances clairement décevantes, mais pas au point qu’il faudrait remettre en cause leur profil défensif. Elles ont surperformé d’autres secteurs défensifs comme les télécoms. Les mauvaises performances du secteur santé sont dues plus à un contexte macroéconomique et surtout boursier dégradé qu’à de mauvais résultats des entreprises du secteur.
Les sociétés ont au contraire réalisé des bénéfices encourageants au premier trimestre et réitéreront ces performances au deuxième trimestre. Les marchés craignent en réalité que les dettes des différents pays européens entraînent une baisse des remboursements des médicaments. Et comme les investisseurs avaient des positions importantes sur les valeurs de la santé, les titres ont fortement baissé. Mais cette réaction n’est que momentanée.
Maintenant, le côté positif de la crise grecque pour les valeurs de la santé, c’est la hausse du dollar, qui a dopé leurs chiffres d’affaires, étant donné que la majorité de ces entreprises sont présentes aux Etats-Unis.
Les marchés considèrent que la réforme de la santé voulue par Barack Obama ne sera pas si pénalisante que cela pour le secteur ? Qu’en pensez-vous ?
L’impact devrait être globalement positif. Certes, les géants de la pharmacie vont devoir payer une surtaxe au cours de prochaines années, proportionnelle à leurs parts de marché. Mais l’impact sur le chiffre d’affaires ne devrait pas dépasser les 2% à 3% par an. Ce qui est raisonnable pour une industrie dont les marges sont proches des 30% et dont le chiffre d’affaires annuel global est de 750 milliards de dollars.
Il sera d’autant plus négligeable que les ventes de l’industrie devraient grimper plus vite lors des prochaines années, du fait de l’arrivée de plus de 20 millions de nouveaux clients aujourd’hui dépourvus d’assurance-maladie.
GlaxoSmithKline s’est fait une habitude de partager publiquement ses savoirs. Pensez-vous que les autres sociétés devraient en faire autant ?
La crise mais surtout une pression populaire va sûrement obliger les sociétés à se montrer plus transparentes sur l’efficacité de leurs médicaments, ainsi que sur leurs effets secondaires. D’un autre côté, je pense qu’il est normal que les entreprises aient également le droit, pour des raisons concurrentielles, de moins communiquer sur les essais cliniques. L’idée est bonne mais son application doit être générale, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis ou au Japon.
Le secteur des biotechnologies a été animé par les opérations de rapprochement. Sera-t-il encore à l’honneur au second semestre ?
Je le crois. D’ailleurs, si notre fonds Dexia Equities Biotechnology a enregistré une aussi bonne performance depuis le début de l’année, c’est parce que nous nous sommes focalisés sur les sociétés biotechnologiques innovantes. Il y a cinq ou dix ans, le secteur était prometteur mais assez coûteux. Aujourd’hui, bien que la pression sur les prix soit forte – surtout en Europe, de l’ordre de 4% à 5% - le secteur est beaucoup plus autonome et les valorisations sont historiquement basses. Surtout, il a l’avantage, contrairement aux pharmaciens, de ne pas souffrir de la concurrence des génériques.
Enfin, au niveau des fondamentaux, rien n’a changé. Le secteur reste soutenu par l’innovation des petites sociétés, qui est très recherchée par les sociétés plus développées. Nous devrions ainsi assister de plus en plus à des opérations de rachat de petites sociétés du secteur de type amical voire hostile. Les sociétés qui n’innoveront pas assez seront pénalisées encore plus dans le futur. Cela s’est déjà vu récemment avec des valeurs comme Sanofi-Aventis ou encore Pfizer.
La croissance des marchés émergents suffira-t-elle à compenser la réduction des marges des marchés développés ?
Les pays émergents constituent des vrais relais de croissance, mais ils ne sont pas encore prêts à compenser la réduction des marges des marchés développés. Les marchés émergents représentent entre 10% et 20% du chiffre d’affaires des grandes sociétés du secteur de la santé. Le prix des médicaments y est en général plus bas que dans les pays développés, ainsi que les coûts. Il faut savoir, par exemple, qu’un délégué commercial coûte environ 200.000 euros par an dans les pays développés contre environ 70.000 euros par an en Chine. Du coup, les marges ne sont pas beaucoup plus basses dans les pays émergents que dans les pays développés. La croissance moyenne dans les pays émergents pour le secteur de la santé devrait être comprise entre 10% et 15%, et environ 25% pour la Chine.
Maintenant, dans ce pays, le secteur souffre d’un système de remboursement encore trop fragmenté. Par ailleurs, l’économie chinoise dépend trop des investissements. La consommation doit prendre le relais. L’impact du plan de santé de la Chine devrait se faire sentir au deuxième semestre de cette année.
Pensez-vous que les génériqueurs peuvent concurrencer à terme les biotechnologiques ? (lire la suite sur Le Figaro...)

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